[MUSIQUE] [MUSIQUE] J'ai l'habitude de regarder les pylônes des stations de base, et j'ai remarqué, depuis quelques années, qu'il y a des petites boites qui sont en haut des mâts à côté de l'antenne. Est-ce que vous pouvez nous dire, que sont ces boites? >> Ça, ce sont des RRH, pour Remote Radio Head. Ce sont les derniers éléments actifs de la chaîne [INCOMPRÉHENSIBLE] avant d'attaquer l'antenne, qui elle-même est passive. Donc ils font l'interface en downlink. Ils reçoivent, en entrée, un signal numérique à travers une fibre optique, et ils vont passer par une chaîne de transmission à travers un amplificateur avant d'attaquer l'antenne. Dans l'autre sens, dans le sens uplink, l'antenne reçoit un signal très faible qui va être reçu et amplifié dans le RRH avant d'être converti en signal numérique à destination de ce qu'il y a à l'opposé de la fibre optique qui reçoit, à savoir le BBU. >> Une BBU, qu'est-ce que c'est? >> Le BBU, Base Band Unit, c'est ce qui va jusqu'au niveau de la modulation afin d'attaquer le RRH, et ça fait donc modulation, codage, allocation de ressources, tout ce qui permet de gérer ce qui va se passer sur la couche physique vers les antennes, vers les mobiles. On a déployé, en Europe par exemple, un système de BBU où il y a une carte contrôleur et des cartes modem dans un châssis BBU. La carte contrôleur, c'est elle qui se raccorde au SGW MME pour assurer, à travers une liaison qu'on appelle le backhaul, et elle va adresser des fonctionnalités modem, qui sont des cartes à côté, les cartes modem faisant la modulation et le codage. Les cartes dont je viens de vous parler ont une capacité de trois cellules, je crois, par carte modem. Les cartes que l'on commence à déployer sur d'autres terrains hors Europe ont une nouvelle architecture qui fait que chaque carte a la fonction contrôleur et les fonctions modem embarquées, et chaque carte a une capacité double de la carte modem actuelle, donc on arrive à concentrer maintenant, dans une seule carte, une capacité double de ce qu'on savait faire avec trois cartes avant. >> Est-ce que vous pouvez nous dire l'évolution des BBU dans les années à venir? >> Vous savez que pour le LTE Advanced, on fait du carrier aggregation. Carrier aggregation, ça veut dire qu'on a plusieurs porteuses qui sont associées à envoyer un flux vers un mobile donné, donc il faut qu'on supporte plus de cellules à site égal. Plus de porteuses, ça c'est un premier aspect. Deuxième aspect, on concentre les BBU d'une façon à minimiser les frais pour l'opérateur, et donc une BBU va adresser plusieurs sites géographiques. Donc avec la multiplication du nombre de sites géographiques qu'il y a à adresser, on a une multiplication, sur chacun des sites, du nombre d'antennes, donc de cellules, à adresser également. >> J'ai entendu dire que les opérateurs avaient un souci de minimisation de consommation d'énergie. Est-ce que ça rentre en compte? >> Oui. Ils ont des contraintes d'empreinte carbone, comme tout le monde, et donc ils essayent de minimiser le nombre de kilowatts consommés par site de BBU, et donc, en concentrant plus de cellules supportées par une même carte, qui a une consommation à peu près équivalente d'une génération à l'autre, si on multiplie le nombre de cellules supportées par une carte on diminue d'autant la consommation par cellule. >> Quelles sont les évolutions des BBU au niveau hardware? >> Les nouvelles cartes que l'on commence à déployer permettent de faire une BBU qui est deux fois et demi plus dense en terme de nombre de cellules, et on a commencé déjà à lancer le développement des composants de nouvelle génération qui permettront, à leur tour, de faire des cartes qui ont une densité encore deux fois plus grande par rapport à celle-là . Donc chaque génération apporte un meilleur support. Donc plus de ce qu'on appelle les features, plus de? >> Fonctionnalités. >> Fonctionnalités, merci. Plus de fonctionnalités sur une carte avec plus de cellules supportées. [MUSIQUE] [MUSIQUE] >> Ma première question est simple : OAM, qu'est-ce que ça veut dire, et quelle est la signification du sigle? >> OAM signifie opération, administration et maintenance. Ça regroupe l'ensemble des activités, des process, mais aussi les standards mis en œuvre pour maintenir et administrer un système télécom. Donc l'OAM permet d'administrer et de configurer le système eNodeB. C'est très important pour l'opérateur puisque ça lui permet d'opérer à distance sur l'ensemble de ses équipements du réseau sans avoir à envoyer du personnel sur site. >> Est-ce que l'OAM, en 4G, c'est la même chose qu'en 2G ou en 3G, ou est-ce que c'est très différent? >> C'est assez différent. Il y a eu des progrès très significatifs, notamment à travers une nouvelle norme qui a été mis en place en 4G qui s'appelle le SON, pour Self Organizing Network, qui permet de configurer automatiquement, à travers l'eNodeB, un certain nombre de paramètres, et donc d'éviter des coûts de maintenance supplémentaires en terme de personnel pour l'opérateur, donc le personnel pour gérer un réseau 4G a réduit de manière très significative par rapport à un réseau 3G chez l'opérateur. >> En quoi ça consiste, l'OAM? Comment c'est organisé? >> En central, on trouve l'EMS, pour Element Management System, qui est raccordé en étoile vers l'ensemble des eNodeB du territoire à travers leurs prises OAM. Les échanges entre l'EMS et l'eNodeB se font à travers des protocoles normalisés : Netconf, SNMP, SSH, SFTP. Sur ces protocoles circulent les alarmes, qui remontent de l'eNodeB vers l'EMS. Ces alarmes peuvent provenir de fautes logicielles ou de fautes matérielles, et elles sont classées par gravité pour permettre une meilleure visibilité à l'opérateur. >> Donc, si je comprends bien, l'OAM, ça permet de surveiller le réseau? C'est, en quelque sorte, le cockpit du réseau? >> Il y a, de fait, en deuxième rideau, une autre activité où, là , l'EMS peut aussi collecter un nombre très important de compteurs sur toute la vie du réseau, et sur la base de ces relevés de compteur, l'EMS peut décider de faire évoluer la configuration du réseau pour répondre à des contraintes, à des évènements qui se sont passés sur le réseau, ou tout simplement, aussi, augmenter la capacité des abonnés en passant les carriers en dual carriers, par exemple. L'OAM gère la sécurité du système à travers des clés de cryptage, des démarrages sécurisés du système, des certificats. L'OAM, c'est aussi tout un ensemble de documentation qui décrivent les procédures d'exploitation à l'opérateur. [MUSIQUE] [MUSIQUE] >> Comment on teste une nouvelle fonctionnalité? >> Chaque nouvelle fonctionnalité est validée par plusieurs catégories de tests. La première catégorie de tests, ce sont les tests unitaires. Les tests unitaires sont des tests effectués de manière logicielle où on va valider chaque couche protocolaire de la station de base de manière indépendante, et on va valider que chaque couche protocolaire, en fonction des messages d'entrée, réagit correctement et génère les bons messages de sortie. Les tests de préintégration, où l'idée va être de valider la station de base mais dans un contexte avec une partie réelle et une partie simulée. Les couches basses, donc de type niveau 1 et niveau 2, layer 1, layer 2, sont vraiment validées et les couches de niveau haut, donc PDC, PRRM, sont simulées. De la même manière, on vérifie que, en fonction des messages d'entrée, les messages de sortie sont cohérents. Derrière ça, on fait des tests fonctionnels. Avec les tests fonctionnels, maintenant nous sommes dans un environnement réel, c'est-à -dire avec des vrais mobiles, la station de base qui n'est plus du tout simulée, et on va valider que chaque nouvelle fonctionnalité a les bonnes propriétés et que le ou les mobiles, parce que on va valider un voire plusieurs mobiles, réagissent correctement, ont les bonnes performances, ont les bonnes métriques et satisfont la nouvelle fonctionnalité. Derrière ça, on a les tests network level validation, qui sont les tests sur lesquels la fonctionnalité est validée sur la configuration demandée par l'opérateur, qu'il soit Orange, AT&T, Verizon voire China Telecom, etc. >> Comment on s'assure qu'on ne revient pas arrière, que quelque chose qui marchait ne marche plus? >> Pour cela, deux niveaux de validation, qui sont les tests baseline, sur lesquels on a un ensemble de tests, une grosse batterie de tests qui est effectuée de manière automatique puis certains tests de manière manuelle, qui permet de valider que l'on ne casse pas l'existant en terme de fonctionnalités. Par ailleurs, il y a un deuxième niveau de tests qui sont les tests QoS/KPI, qui sont des tests de performance où, là , on va valider, typiquement, que les métriques qui remontent de la station de base sont cohérentes et sont aussi bonnes que l'existant. >> Vous avez parlé de KPI, qu'est-ce que ça veut dire KPI? >> Key Performance Indicator, et QoS c'est la Quality of Service. >> Qu'est-ce que c'est le KPI? >> Le KPI, typiquement, c'est des compteurs. Les compteurs qui vont compter le nombre de données transmises sur les canaux physiques, qui vont compter le nombre, nous on travaille essentiellement sur les futurs carrier aggregation au sein de l'équipe de tests avec laquelle je travaille, ça va être de compter le nombre d'activations et de désactivations d'un mobile qui est éligible au carrier aggregation. >> Alors justement, le carrier aggregation, comment on le teste, par exemple? >> On le teste dans un environnement réel, parce qu'on est en test fonctionnel, c'est-à -dire avec un vrai mobile, la station de base qui n'est pas simulée, qui est vraiment analysée, et on va valider, par exemple, à l'heure actuelle, on travaille sur la future carrier aggregation qu'on appelle le 3 Carrier Aggregation, qui permet d'agréger trois porteuses en terme du mobile, le mobile va utiliser trois cellules, et va permettre d'accroître son débit en utilisant les ressources physiques de ces trois cellules, et on va valider que, typiquement, le mobile atteint des débits maximums qui sont en adéquation avec les trois cellules. 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