[MUSIQUE] Après les informations quantitatives et ordonnées, nous allons apprendre dans cette leçon comment représenter l'information qualitative. Rappelez-vous, une information est qualitative lorsque ses modalités ne permettent pas d'établir une relation d'ordre. Nous allons examiner une carte géopolitique, le pétrole, un enjeu de la seconde guerre civile libyenne, parue en avril 2015, dans Le Monde diplomatique, pour étudier la représentation d'une information qualitative. C'est une carte assez complexe, qui associe des figurés dans les trois implantations, des figurés zonaux, ponctuels et linéaires. Contrairement à ce que vous pourriez penser, une information qualitative n'est pas simple à transcrire. Comment différencier sans hiérarchiser? Comment parvenir à la meilleure sélection visuelle possible entre des figurés qui doivent avoir le même poids visuel? Il faut bien sûr choisir les variables visuels qui ne transcrivent ni l'ordre, ni la quantité comme nous l'avons déjà vu et ce sont principalement les variables couleur et forme qui seront utilisées, séparément ou combinées, pour construire les figurés de l'information qualitative. L'examen de la légende nous guide dans l'analyse graphique du document. Voyons tout d'abord la répartition des figurés dans les trois implantations. En implantation ponctuelle et linéaire, la géographie des hydrocarbures. En implantation zonale, la géographie ethno-tribale et les rattachements militaires dans la guerre. En implantation ponctuelle, cinq figurés liés aux affrontements armés. L'information en implantation zonale est double, ethnies et entente des forces en présence. Cette information concerne l'ensemble du plan de la carte. La transcription graphique mobilise les variables visuelles couleur et forme. Quatre teintes, à la fois différentes et harmonieuses, bleu-vert, vert, ocre, jaune et marron distinguent les ethnies. Les taches de couleurs à leur intensité maximale sont de surface réduite, la frange litorale et les oasis. Une différence de valeur est introduite pour exprimer la densité du peuplement. Les quatre teintes sont descendues, blanchies dans les zones très peu peuplées. Dans la région du Fezzan, deux ethnies sont présentes. Cette combinaison exprimée par des hachures, le rendu visuel est discret parce qu'il intervient sur des couleurs pâles et que ces hachures ne sont ni trop fines, ni trop larges. Le parallélisme entre les données et la réponse visuelle est parfaitement compréhensible. La deuxième modalité de l'information des alliances dans la guerre vient en superposition. C'est la variable forme qui est utilisée pour construire deux trames différentes, une trame trait, une trame point. Ces trames sont suffisamment lâches pour ne pas altérer les couleurs du fond, des trames à grains grossiers dont la transparence apporte une réponse visuelle satisfaisante à la superposition. L'information en implantation ponctuelle est également transcrite par les variables forme et couleur pour créer des symboles. Pour la géographie des hydrocarbures, deux symboles simples, des formes géométriques, un carré et un cercle de même couleur. Notez que le cercle bleu se différencie bien du carré grâce au très petit point blanc à son centre. Si le cartographe avait choisi un simple rond bleu, la différenciation de forme aurait été insuffisante. Trois symboles sont utilisés pour la géographie de la guerre, des demi-cercles, aux contours très épais, de deux couleurs distinctes, un noir et un brun, pour la présence des différentes millices. Des contours épais confèrent à ces symboles une forte prégnance visuelle, ce figuré se place sans ambiguïté sur les villes concernées par ces millices puisqu'il entoure le point de la ville. Les zones d'affrontements et de tensions intercommunautaires sont représentées par des figurés assez originaux, des hachures en éclair, différenciées par deux couleurs différentes. Ces figurés sont d'assez grandes dimensions, pour des figurés ponctuels, ils sont suffisamment transparents parce que les hachures sont assez lâches pour laisser voir les figurés zonaux. Visuellement, ils se placent au-dessus des informations en implantation zonale. Le figuré pour les attaques est un figuré évocateur, d'emploi courant, sa couleur l'associe au figuré en hachures en éclair. Ce regard sur les différents figurés ponctuels permet d'admirer la compétence et le talent de la cartographe qui construit des figurés simples, bien différenciés, avec un excellent impact visuel. Son travail associe les règles de base de la sémiologie graphique, sélectivité et associativité des variables forme et couleur, et une grande créativité. Un seul figuré linéaire est présent sur la carte pour représenter les oléoducs et gazoducs, un simple trait assez fin, le bleu vif seyant 100 % la géographie des hydrocarbures, tranche avec les bruns de la géographie de la guerre. Résumons en quelques points ce qui préside à la représentation d'une information qualitative dans une carte synthétique à plusieurs caractères. Les variables visuelles à utiliser sont la variable couleur et la variable forme, séparément ou combinées, et ceci dans les trois implantations. Le point de départ est l'analyse des composantes de l'information, leur lien de dépendance et la répartition de ces composantes dans les trois implantations. Le phénomène zonal ne possédera pas plus de deux attributs, un représenté par des à -plats de couleurs et l'autre par des trames assez lâches. Les figurés zonaux se placent visuellement en-dessous des figurés ponctuels et linéaires. Les figurés ponctuels sont un nombre réduit, ils sont travaillés pour obtenir une bonne différenciation visuelle, plus la distribution des objets sur la carte est complexe, plus le travail de sélectivité est important. Pour les figurés linéaires, la difficulté est de bien séparer les figurés linéaires de l'information thématique et le linéaire du fond de carte qui est souvent abondant, les côtes, les frontières, les limites administratives.