[MUSIQUE] Bonjour, et bienvenue dans cette nouvelle vidéo. Nous allons ici découvrir la biodiversité. Le mot est peut-être rébarbatif, mais je parie que je vais vous le faire aimer. Alors, qu'est-ce que la biodiversité? Le mot est assez récent, puisqu'il date de 1985, par la contraction de deux termes : diversité, et biologique. De fait, on résume souvent la biodiversité à la diversité des espèces vivantes sur terre. C'est une approche un peu limitée. Il ne suffit pas de compter les différentes espèces connues, il faut aussi et surtout prendre en compte l'abondance de chacune de ces espèces, et leur évolution. Une évolution qui dépend souvent de la qualité de l'espace naturel dans lequel elles évoluent, ce qu'on appelle : l'habitat. Et enfin, les relations entre les différentes espèces au sein d'un même habitat, est un écosystème. Biodiversité, habitat, écosystème : vous avez en mains les trois mots-clés. Mais plus simplement et plus concrètement, retenez que la biodiversité est la fraction vivante de la planète. Vous pourriez considérer que la planète regorge d'espèces vivantes, et que la disparition de quelques-unes est totalement anecdotique. Il est vrai, que nous connaissons environs deux millions d'espèces sur Terre. Parmi ces deux millions, seuls 1,5 à 2 % étaient déjà présentes aux origines de notre planète, ce qui signifie, que 98 % sont apparues ensuite. Il est vrai, aussi, que nous découvrons environ 16.000 à 18.000 nouvelles espèces par an. Mais compter les espèces, comme je vous le disais, ce n'est pas très significatif. Intéressons-nous plutôt à l'histoire de la vie, donc de la biodiversité. C'est une histoire extraordinaire. Vous avez tous, sans doute, été formés à l'idée que la vie est une concurrence entre les espèces, et qu'il existerait une hiérarchie naturelle. C'est faux. En réalité, depuis 3.9 milliards d'années, la vie ne se construit pas dans la destruction, ni dans la compétition. Le premier enseignement de cette histoire, est que la vie se construit par association, c'est le principe d'associativité. Des protocellulles, puis des pluricellullaires, et des métazoaires. Puis, il y a 1 500 millions d'années, l'apparition de la sexualité. A chaque étape, deux entités simples s'associent pour créer une nouvelle entité. Nouvelle entité, dont les qualités sont toujours bien supérieures à la seule addition des entités qui l'ont créée. Deuxième enseignement de cette longue histoire : le principe d'adaptation. Plus notre environnement évolue, plus nous sommes dans l'obligation de nous adapter, et de créer des espèces nouvelles. Ceci expliquerait, que parmi les deux millions d'espèces connues, seules 13 % soient dans les océans. Pourquoi? Parce que depuis des centaines de millions d'années, les espèces marines n'ont pas été obligées de s'adapter. Parce que les océans, notamment leur PH, n'a pas évolué. Ce qui d'ailleurs, inquiète aujourd'hui les scientifiques, quant à la capacité de ces espèces marines, à s'adapter à l'acidification très récente de ces océans. Troisième enseignement: la vie est née dans les océans. Dans cette histoire, longue de 3,9 milliards d'années, plus d'un milliard d'espèces sont apparues d'abord dans les océans, avant d'en sortir pour coloniser la terre. La sortie de l'océan date d'environ 410 millions d'années, ce fut un événement déterminant. Les espèces ont alors été obligées de s'adapter, et donc de relever le défi principal de tout être : conserver de l'eau au sein de son organisme. Il existe par exemple, un rat kangourou du désert, qui n'a jamais d'eau à boire sa disposition. Il conserve donc dans son organisme, toutes formes liquides et émet une urine neuf fois plus salée que l'eau de mer. Quatrième enseignement: l'homme est une ode à la biodiversité. Savez-vous, que notre corps contient dix fois plus de cellules non humaines que de cellules humaines? 500 000 milliards, contre 50 000 milliards. Des milliards de bactéries, qui colonisent nos intestins, et qui sont la condition même de notre survie. Plus important et dernier enseignement : l'Histoire nous apprend la modestie. La vie n'est pas un acquis. La Terre a connu une soixantaine de crises d'extinctions, dont cinq majeures. Vous avez tous appris la grande disparition des dinosaures, il y a plus de 65 millions d'années : c'était la cinquième crise. Mais la plus grave, fut la troisième crise, il y a 250 millions d'années. Alors, 95 % des espèces ont disparu des océans. 95 %, cela signifie qu'il ne restait quasiment aucune trace de vie. Et il a fallu attendre plus de dix millions d'années, pour recréer de la diversité. Or, cette extinction, cette troisième extinction, n'est pas sans rappeler l'actualité. Elle fut corrélée à de colossales émissions de gaz à effet de serre, tout particulièrement de méthane, et à un réchauffement de plus de six degrés Celsius. Donc aujourd'hui, les scientifiques sont très inquiets. Nous avons, depuis 2005, une connaissance beaucoup plus précise de la biodiversité. 1.320 chercheur à travers le monde, ont réalisé un état-des-lieux complet dans le cadre de ce que l'on appelle : le Millenium Ecosystem Assessment. Un rapport, qui a été réalisé à la demande du secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan. Les experts, concluent que les taux de disparition des espèces, sont aujourd'hui de 50 à 600 fois plus rapides, que les taux dits naturels. Depuis le Cambrien, on constate que le taux d'extinction naturel, est de l'ordre d'une espèce par million, et par an. Le chiffre actuel, est de l'ordre de 300 espèces par million et par an. A ce rythme, la moitié de toutes les espèces de la Terre, aura disparu avant la fin du siècle. Ce qui amène les scientifiques, à conclure que nous serions sur la voie de la sixième grande crise d'extinction. Mais, la grande différence par rapport aux extinctions précédentes, est que celle-ci, s'explique directement, et uniquement, par les activités anthropiques, c'est-à -dire les activités humaines. Le scientifique Gilles Boeuf, liste quatre causes principales. La première cause, la principale, est la destruction, ou la pollution, des habitats des différentes espèces. Savez-vous que la principale source d'érosion de la biodiversité, est l'urbanisation galopante? En France, comme dans la plupart des pays développés, on estime que tous les sept ans, l'équivalent d'un département d'espace naturel disparait, sous l'urbanisation. Or les abeilles ne butinent pas le béton. Dans le monde, l'autre enjeu est l'agriculture. Le Millenium Ecosystem Assessment estime, que depuis 1945, il y a plus de terres converties à l'agriculture, qu'au cours des deux siècles précédents. Un quart des terres du globe est consacré aux systèmes agricoles. La deuxième cause d'effondrement de la biodiversité, est la surexploitation des ressources naturelles. Elle se définit, comme l'exploitation de plantes ou d'animaux, à un taux qui excède leurs capacités de régénération. Les stocks de poissons ne représentent plus que le sixième de ce qu'ils étaient en 1990. La F.A.O., l'Organisation des Nations Unies sur l' Alimentation et l' Agriculture, estime que 18 % de ces stocks sont surexploités aujourd'hui. Une surexploitation, comme vous le voyez sur ce graphique, toujours plus rapide. En dix ans, le nombre d'espèces en danger d'extinction à doublé. On peut aussi citer, parmi les grandes causes de la disparition des espèces, la destruction des forêts tropicales, pour les besoins de la construction ou de l'agriculture : l'équivalent d'un quart de la surface de la France disparaît chaque année. Troisième cause, une cause moins connue : la dissémination anarchique d'espèces. On connaît par exemple, en France, le problème du frelon asiatique. Sans doute introduit dans des poteries importées de Chine, il colonise la France depuis le milieu des années 2000. Le problème, est qu'il se nourrit d'abeilles domestiques, entraînant des dégâts colossaux. On connaît aussi l'ambroisie, une plante fortement allergène. 300 plantes invasives, posent aujourd'hui problème en France. La quatrième cause, est bien évidemment le réchauffement climatique. Le réchauffement des températures, entraîne des changements de date de floraison, désertifications, acidification des océans, ou encore, montée des océans, donc, les espèces doivent migrer pour s'adapter. Le problème, est qu'elles migrent moins vite que le climat n'évolue : elles n'ont pas le temps de faire route. En résumé, nous avons compris que la biodiversité, est la science du vivant. Elle est donc directement la science de notre survie. L'histoire de la biodiversité nous a montré que la vie est mue par deux principes : l'association, et l'adaptation. Elles nous apprend aussi que la vie n'est pas un acquis. Et que l'homme a réuni les conditions de la sixième grande extinction. Je vous remercie de votre attention.