[MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE] Bonjour et bienvenue dans ce MOOC sur le thème du leadership d'excellence par le sport de haut niveau. Qu'est-ce qu'un leader? Comment devenir un leader? Devons-nous parler de leader ou de leadership? Toutes ces questions sont au cœur de nombreuses interrogations dans les organisations et ont nourri depuis longtemps de multiples travaux de recherche. Toute organisation ne vit que par le portage de ses membres. Les leaders jouent un rôle à la fois de réalisation tout en incarnant l'entité dans laquelle ils agissent. Avec le leadership, on parle souvent d'empowerment. Un concept que nous avons du mal à traduire dans la langue française. On parle d'autonomisation et d'émancipation. Il s'agit de prendre ses responsabilités pour agir avec le souci du rendu et de la responsabilité collective. Pour résumer la notion de leader, la citation de Winston Churchill me paraît appropriée, mieux vaut prendre le changement par la main avant qu'il ne vous prenne à la gorge. Le leader est celui qui prend l'initiative de l'action et qui va déployer des dispositifs de coopération entre les membres concernés pour obtenir un résultat. Les écrits nord-américains sur le leadership ont mis en avant un leader penseur et un manager en réalisation. Cette dichotomie nous semble peu révélatrice de la réalité des fonctionnements des organisations. Toute personne en situation de responsabilité déploie des missions de leader et de manager. La proportion entre les deux rôles et leurs composants évolue en fonction des postes. Pour les postes qui sont plutôt de nature opérationnelle, la partie manager sera beaucoup plus représentée et pour les postes qui sont de nature plus organisationnelle, la partie leader sera plus importante. Comme le montre la figure, nous parlons d'un continuum, leader-manager, avec un leader en charge de la stratégie, de la gouvernance, du pilotage et de la transformation. Le manager, quant à lui, aura davantage des tâches de changement, d'organisation, d'animation et de contrôle. Quoi de mieux que le sport de haut niveau pour comprendre les mécanismes du leadership et des compétences du leader. Le sport de haut niveau s'inscrit dans l'excellence et la performance. Par sport de haut niveau, nous entendons des sportifs qui participent aux compétitions internationales, du type jeux olympiques, championnat du monde, championnat d'Europe, coupe du monde, coupe d'Europe, etc. Les sportifs et les coachs développent des techniques et des pratiques riches d'enseignement pour tout ce qui vise la performance et l'engagement dans le cadre d'une activité humaine. Le sport est une source d'inspiration. Il constitue un élément fédérateur et attractif car il symbolise le dépassement et la volonté. Pour cela, nous avons la chance de réaliser ce MOOC avec Guy Ontanon, entraîneur d'athlétisme, qui a notamment entraîné les relais féminins et masculins et de nombreux sprinters. C'est un producteur de médailles pour la France avec, entre autre, le titre de champion du monde en 2005 pour le relais masculin à Helsinki. Nous aurons aussi la chance d'avoir les témoignages de nombreux autres sportifs comme Michaël Jeremiasz, joueur de tennis en handisport et quadruple médaillé d'or aux jeux paralympiques en 2004, 2008 et 2012. Florence Masnada, skieuse et médaillée olympique en 1992 et 1998. Sarah Ourahmoune, boxeuse, championne du monde en 2008 et vice-médaillée olympique en 2016. Florient Rousseau, cycliste sur piste avec des titres de champion du monde de contre la montre et de vitesse entre 1993 et 2001. Lilian Thuram, champion du monde de football en 1998. Guy, racontez-nous votre titre de champion du monde du relais masculin à Helsinki en 2005. Comment avez-vous managé votre groupe pour aller à la victoire? >> Je suis entraîneur national à la Fédération Française d'Athlétisme en charge du sprint. En 2005, j'étais responsable du relais masculin et nous sortions d'une période compliquée pour le collectif tant dans les résultats que dans l'état d'esprit. À la demande du Directeur technique national, j'avais repris ce collectif en 2001 avec la volonté de bousculer les habitudes pour créer un électrochoc nécessaire à une reconstruction positive. Éliminer pour reconstruire avec une prise de risque en sortant de la zone de confort. J'ai donc pris l'initiative d'exclure les athlètes qui ne me semblaient pas en adéquation avec les objectifs de résultat que j'avais fixés et cela m'a conduit à expliquer et à traduire mon projet, tout d'abord auprès du Directeur technique national puis auprès des athlètes du collectif pour que chacun comprenne bien les enjeux de la politique mise en place. Dès ma prise de fonction, j'ai fait des choix qui me semblaient les plus performants pour le long terme. Imposer une charte de bonne conduite au sein du collectif. Si les résultats ne sont apparus qu'au bout de quatre années, j'étais convaincu qu'il fallait recréer de la confiance au sein du groupe en favorisant les échanges et en impliquant plus les athlètes dans le projet. À Helsinki et pendant toute l'année de préparation, nous avons travaillé en privilégiant toujours la notion d'équipe pour impliquer les individus pour qu'ils soient vraiment au service de la performance collective. Les individualités fortes qui passent d'un statut d'adversaire en début de compétition, lorsqu'ils sont engagés dans des épreuves individuelles, à partenaire en fin de compétition, quand ils se retrouvent dans le relais. En gardant toujours cette ligne directrice d'avoir le collectif au cœur du projet, il était important pour moi de responsabiliser les athlètes pour qu'ils soient acteurs du projet et qu'ils retrouvent de la confiance. >> Merci Guy pour ce témoignage. Le parallèle entre le coach sportif et son équipe est riche d'enseignement. Il a un rôle de leader et une posture de leadership. Il doit motiver, orienter, organiser, entraîner, écouter, prévoir et délivrer. Vos propos, Guy, nous amène à esquisser cinq thématiques constitutives d'un leadership d'excellence en provenant du sport de haut niveau et qui sont : trouver les mots et savoir traduire, organiser le court terme pour le long terme, rechercher l'explosivité, combiner et prendre des risques et finalement développer la confiance. Cette approche reprend des éléments que nous avons dans certains modèles de leadership comme la matrice de Blake et Mouton, le modèle MBTI ou encore le croisement de ces deux notions avec la méthode DISC. La matrice de Blake et Mouton repris dans de nombreux travaux a traversé des périodes pour nous proposer une typologie des leaders permettant de catégoriser mais aussi d'orienter et de faire évoluer les personnes en charge de cette fonction. Cette matrice propose cinq types de leader en fonction de l'intérêt donné aux relations entre les personnes et l'exécution des tâches. La grille MBTI est une forme de tests psychologiques inspirés des travaux de Carl Gustav Jung. Élaboré par Isabel Briggs Myers et Katharine Cook Briggs, le test défini des types psychologiques en fonction de quatre axes : l'orientation de l'énergie extravertie ou introvertie, la manière de recueillir de l'information, sensation ou intuition, la prise de décision, penser ou sentir, le mode d'action, jugement ou perception. Le MBTI identifie alors 16 grands types de personnalité à partir des deux préférences possibles sur chacune des quatre dimensions précédentes. Plus récemment, dans les méthodes agiles, on utilise la méthode DISC pour déterminer le style de leadership. En fonction de votre orientation tâches-personnes et de votre psychologie plus ou moins extravertie, vous serez influent c'est-à -dire communicatif, social, enthousiaste, démonstratif. Stable c'est-à -dire attentionné, modeste, calme, fiable. Conforme c'est-à -dire précis, formel, analytique, prudent. Dominant c'est-à -dire fonceur, énergique, exigeant, indépendant. Avec ce MOOC, nous souhaitons faire évoluer les modèles de leadership et proposons de compléter certaines approches existantes par les cinq thématiques du sport de haut niveau. [MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE]